90 solitaires prennent dimanche aux Sables-d’Olonne le départ de La Boulangère Mini Transat, pour un parcours de 4 000 milles en deux étapes, avec une escale à Santa Cruz de La Palma (Canaries) et une arrivée finale à Saint-François (Guadeloupe) – la course est à suivre sur notre site. Comme avant chaque grande course, Tip & Shaft analyse le plateau en compagnie d’un panel d’experts, composé des entraîneurs Tanguy Leglatin (Lorient), François Jambou (Concarneau) et Damien Cloarec (Roscoff), du président de la Classe Mini, Romain Bigot, du vainqueur de l’édition 2021 en proto, Pierre Le Roy, et de la navigatrice Marie Gendron, 4e en proto en 2023.
Pour la troisième édition consécutive, 90 participants, dont 14 femmes – le record de navigatrices d’il y a deux ans est ainsi égalé – seront au départ de la Mini Transat, qui continue, édition après édition, à faire le plein, “malgré un peu moins de monde que les années précédentes sur les courses d’avant-saison“, note Romain Bigot. Comme de coutume sur cette épreuve formatrice, les bizuths sont nombreux (82) et le plateau éclectique, avec des marins âgés de 20 à 64 ans et 27 skippers étrangers, représentant 13 nationalités, tout ce petit monde étant réparti sur 56 bateaux de série et 34 prototypes.
Du côté des prototypes, nos experts sont unanimes pour dire que Benoît Marie sera très difficile, pour ne pas dire impossible, à battre. De fait, le skipper du plan Manuard à foils Nicomatic-Petit Bateau est invaincu en 2025 avec des victoires sur la Plastimo Lorient Mini, la Pornichet Select, la Mini en Mai, le Trophée MAP, le Mini-Fastnet et la Puru Transgascogne ! “S’il gère bien la casse, je vois mal comment il ne pourrait pas gagner, confirme François Jambou. Il suffit qu’il y ait un bord de reaching où il peut voler 10 nœuds plus vite que les autres pendant quelques heures et c’est plié. Dans le meilleur des scénarios, par vent de nord-ouest et mer relativement plate dans le golfe de Gascogne, il peut vite jouer dans des systèmes météo qui ne sont pas les mêmes que les autres, avec des écarts potentiellement monstrueux.”
Marie Gendron est du même avis – “Le “caramel” peut être très sévère sur la première étape. Je ne suis pas sûre qu’il y ait des solutions pour les autres” -, tandis que Pierre Le Roy ajoute : “Benoît a clairement une longueur d’avance. En plus d’avoir une machine performante, il a l’expérience, puisqu’il a déjà participé à la Mini Transat et l’a déjà gagnée [en proto en 2013, NDLR]. Cela en fait un favori plus qu’évident. Il devrait éviter les erreurs qui conduisent à des casses. Et même s’il fait un mauvais choix stratégique, le différentiel de vitesse avec les concurrents est tel que ça semble rattrapable.”
Demange à l’affût
Également sur un plan Raison, Julien Letissier (Frérots Blanchet) fait également partie, selon nos experts, des prétendants au podium. “C’est un gros client, notamment du fait de son expérience : c’est sa troisième participation à la Mini Transat et sa deuxième sur son bateau [il a terminé 3e en 2023, NDLR]”, estime Romain Bigot.
Outre ce trio, d’autres marins sont considérés comme de sérieux candidats, à l’instar de Basile Gautier (Tartine) – “Son Mini 945 était déjà en très bon bateau en archimédien, et l’ajout de foils a été un vrai plus”, assure Romain Bigot – Robinson Pozzoli (Uoum), Mathis Bourgnon (Assomast), Félix Oberle (Big Bounce) ou encore Thaïs Le Cam (Penelope Pussycat), même si cette dernière est handicapée par des blessures aux mains (écouter le dernier épisode de Navigantes dont elle est l’invitée). “Thaïs peut largement faire un top 5 et se rapprocher du podium, pronostique Marie Gendron. Elle connaît bien son bateau, elle a gagné en confiance. Les gars ont toujours tendance à y aller fort, il ne faut pas qu’elle hésite à en faire autant.”
Série : net avantage pour les Maxi
Si ce dernier a vu sa préparation perturbée à l’été 2024 par une avarie de structure sur Les Sables-Les Açores-Les Sables, Marie Gendron estime qu’il a su faire une force de cette mésaventure. “Je pense que cela lui a donné plus de maîtrise sur l’utilisation de son bateau. Cette expérience va l’aider sur la Mini Transat, qui est encore davantage une course d’endurance.” Preuve de sa capacité à rebondir, Amaury Guérin a signé trois podiums en trois courses en début de saison, dont une victoire sur la Mini en Mai.
“La Mini Transat reste une aventure”
Les podiums de nos experts :
Proto : 1. Benoît Marie, 2. Alexandre Demange, 3. Julien Letissier
Série : 1. Paul Cousin, 2. Amaury Guérin, 3. Deniz Bagci
Photo : Sam Cade