Damien Seguin

Comment Damien Seguin a monté son projet Vintage Multi

Damien Seguin a officialisé mercredi son projet de disputer la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2026 à bord de l’ex Fujicolor II en catégorie Vintage Multi. Un projet soutenu par le Crédit Mutuel Arkéa et qui mettra en avant l’association Handicap InternationalSailorz vous en dit plus.

Après deux participations en Class40 (2010 et 2014) et autant en Imoca (2018 et 2022), Damien Seguin prendra le 1er novembre 2026 le départ de sa cinquième Route du Rhum, cette fois dans une nouvelle catégorie, Vintage Multi. L’aboutissement pour lui d’un projet qu’il mûrit depuis son retour du Vendée Globe 2024 (15e place). “A l’issue du Vendée Globe, je voulais passer en trimaran, j’ai donc fait la saison en Ocean Fifty (avec Thibaut Vauchel-Camus, 4e sur la Transat Café L’Or) et j’ai essayé de me projeter sur la Route du Rhum en Ocean Fifty, explique-t-il à SailorzMalheureusement, ça ne l’a pas fait, à cause de cette règle du numerus clausus embêtante. Il n’y avait pas de bateau à louer ou à vendre et la classe a refusé que j’en construise un neuf.”

Comment a-t-il dès lors basculé vers l’ex Fujicolor II “Je suis tombé l’été dernier sur l’annonce de ce bateau à vendre dans le Sud, j’ai tout de suite pris contact avec la fille en charge de la vente aux Sables d’Olonne, et avec Xavier Destremau qui en était le skipper, avec lequel j’ai pas mal échangé.” Et Damien Seguin d’ajouter : “Dans le même temps, j’ai essayé de récupérer des infos en appelant des gens qui avaient navigué sur ce bateau ou connaissaient très bien les Orma, j’ai eu Franck Proffit, Loïck Peyron, Marc Guillemot, Bertrand de Broc… A tous, je leur ai raconté mon histoire avant de leur poser la même question : « Est-ce que c’est une bonne idée ou une idée à la con ? » Globalement tous m’ont dit que ce serait génial de revoir ce bateau naviguer en course, encore plus sur la Route du Rhum et avec moi, ça m’a conforté dans le fait de continuer à travailler sur ce dossier.”

“La personnalité de Damien
a fait le reste”

Avant d’aller plus loin, le skipper se rend à Port-Saint-Louis-du-Rhône pour voir le plan Nigel Irensmis à l’eau en 1990 pour Mike Birch, avant d’être repris en 1992 par Loïck Peyron, qui en sera le skipper pendant huit ans, remportant deux fois la Transat anglaise (1992 et 1996), ainsi que la Transat Jacques Vabre en 1999 (avec Franck Proffit). J’ai fait venir deux experts qui ont fait deux sessions de relevés sur le bateau pour m’assurer que la structure était bonne et qu’il puisse repartir sur une campagne de courses, sachant que ça faisait un an qu’il n’avait pas navigué et que les douze dernières années, il n’avait navigué que 15 jours par an en Turquie. J’ai effectivement été rassuré, ça m’a permis de monter un dossier en racontant une histoire qui avait de la gueule autour de ce bateau et de son refit. Il ne restait plus qu’à trouver au moins un partenaire majeur pour m’accompagner dans cette aventure.”Ça tombe bien, à ce moment (fin août), le Crédit Mutuel Arkéa, après avoir fait le choix de ne pas continuer à accompagner Yoann Richomme et Paprec en Imoca (voir notre article), est alors en pleine prospection pour accompagner un skipper sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Ce que nous confirme son directeur adjoint du pôle Dynamiques & Ressources humaines et communication, Cédric Malengreau : “Même si on avait continué en Imoca, on savait que 2026 aurait été une année blanche en termes de communication autour de la voile, donc on voulait occuper l’espace médiatique, particulièrement dans le cadre de la Route du Rhum qui est importante pour nous, parce qu’on a un lien historique avec cette course qui est sur notre territoire.”

Damien Seguin a alors vent de cette volonté du groupe bancaire, à qui il envoie son dossier, avec un volet comprenant un partenariat avec Handicap International, dont il avait déjà porté les couleurs sur la Route du Rhum 2014 et dont il était depuis un des ambassadeurs. Et Cédric Malengreau de poursuivre : “Depuis le printemps, on avait travaillé sur une quinzaine de pistes pour finalement faire une short-list de cinq projets. Celui de Damien nous a particulièrement séduits et est sorti de manière prépondérante. Il cochait de nombreuses cases, avec en particulier un storytelling pertinent qui matchait bien avec nos valeurs, autour du handicap et de l’inclusion, mais aussi de la finance durable avec le refit d’un bateau ancien. Sa personnalité a fait le reste et les contacts un peu plus étroits que nous avons noués depuis n’ont fait que confirmer notre volonté de travailler avec lui.”

Un duel avec Francis Joyon
en perspective

La décision finale est entérinée début octobre, elle permet à Damien Seguin de confirmer l’achat du bateau (dont il est armateur avec sa société), moyennant 200 000 euros. A peine rentré de Fort-de-France en novembre, il file dans le Sud pour le convoyer vers les Sables d’Olonne, où il est entré en chantier, pris en main par Eole Performance, la société des frères Benjamin et Marcel Jr Dutreux.Au programme, un refit complet – moyennant 600 000 euros (pour un budget global d’un million) – mené avec l’architecte naval Loïc Dorez (passé notamment chez Groupama et Malizia) et Franck Proffit, devenu directeur technique du projet, qui comprend la déco, tout ce qui est électrique, électronique, pilote, nouveau jeu de voiles (100% All Purpose en lin et fibres d’ortie) et plus grande protection du skipper. “On garde cependant la philosophie de l’époque du bateau, notamment le mât et les appendices d’origine, on ne va pas en faire un foiler, précise Damien Seguin.

Le programme ? Mise à l’eau en avril, avant le Tour de Belle-Ile, l’ArMen Race, la Drheam-Cup pour valider la qualification sportive, avant la Route du Rhum que le marin se fait une joie de courir sur ce bateau de légende : “J’ai grandi en Guadeloupe, à 10 ans, j’ai assisté à l’arrivée victorieuse de Florence Arthaud, mais aussi de Mike Birch, qui avait terminé quatrième sur ce bateau. Me dire que je vais disputer avec ce plan Irens la course qui m’a fait rêver, l’histoire est dingue à raconter. D’autant j’aurai comme principal concurrent Francis Joyon, une légende de l’Orma, sur un bateau qui a été construit dans les moules du mien (le premier Banque Populaire, mis à l’eau en 1994), ça va être une belle attraction pour les gens qui suivent la course.”

De quoi lui donner des envies de continuer après ? “Ce qui est sûr, c’est que je vais vraiment m’attacher à ce bateau et que sa vie ne va pas s’arrêter à la fin de la Route du Rhum, répond-il. Aujourd’hui, il y a des discussions avec des associations et des organisateurs pour créer une vraie classe Multi Vintage, qui soit présente sur d’autres courses. Si c’est le cas et que programme intéressant, pourquoi ne pas continuer ? Du côté du Crédit Mutuel Arkéa, Cédric Malengreau laisse de son côté toutes les portes ouvertes : “On fera le bilan fin 2026 et on verra en fonction des souhaits de chacun pour voir si on poursuit sur un autre projet ou sur celui-là. On a toujours dit qu’on voulait rester présents dans la voile sous une forme un peu moins sensible à la performance et en aspirant à plus de modestie dans les moyens déployés. Mais aujourd’hui, c’est bien trop tôt pour en parler.”

Image : Marcus Vrignon

Sailorz est le média
expert de la voile de compétition

Sailorz by Tip & Shaft

Sailorz décrypte la voile de compétition chaque vendredi, par email :

  • Des articles de fond et des enquêtes exclusives
  • Des interviews en profondeur
  • La rubrique Mercato : l’actu business de la semaine
  • Les résultats complets des courses
  • Des liens vers les meilleurs articles de la presse française et étrangère
* champs obligatoires


🇬🇧 Want to join the international version? Click here 🇬🇧