Les organisateurs de la Transat Café L’Or ont dévoilé lundi les grandes lignes du budget de l’édition 2025. Un budget de 5,9 millions d’euros, en hausse, auquel il faut ajouter celui de la destination d’arrivée, de l’ordre de 1,4 million. Sailorz vous en dit plus.
C’est à un exercice de transparence assez inhabituel que s’est livré lundi 6 octobre, au siège parisien de JDE Peet’s France (qui détient la marque Café L’Or), Antoine Robin, codirecteur de la Transat Café L’Or Le Havre Normandie (son nom complet), accompagné par Antoine Susini, directeur marketing de JDE Peet’s France.
Il a en effet dévoilé dans le détail le budget de l’édition 2025 de la transat en double. “Notre état d’esprit général, d’être ouvert sur l’organisation de l’événement, et le fait que l’on soit une structure associative sans but lucratif expliquent cette démarche ; je serais une société privée, je ne le ferais pas forcément aussi librement, explique Antoine Robin à Sailorz. On n’a rien à cacher, on respecte simplement la confidentialité des contrats avec nos partenaires, on ne dira rien à leur place s’ils ne veulent pas s’exprimer.”
La particularité de la transat lancée en 1993 est en effet qu’elle est, depuis 2010, organisée par l’Association Transat Café L’Or – ex Jacques Vabre, le changement de nom a été annoncé début décembre 2024 (voir notre article). Association dont JDE Peet’s France et la ville du Havre sont partenaires fondateurs, la région Normandie partenaire organisateur depuis 2017. “On n’est pas dans du sponsoring classique, juste là pour faire un chèque, mais bien comme coorganisateur”, souligne Antoine Susini. Ce statut d’association explique que la recherche du profit n’est pas une priorité pour les organisateurs, l’objectif étant avant tout de présenter un budget à l’équilibre. Budget qui, ne cesse de progresser, puisque de 2,3 millions en 2017, il est passé à 2,5 en 2019, 4 en 2021, 5,5 en 2023, et 5,9 cette année.
Une répartition des recettes qui évolue
Par rapport à l’édition précédente (voir notre article), la répartition des recettes a sensiblement évolué. La part des collectivités publiques est passée de 34 à 32% du budget global, avec cependant une enveloppe globale stable, qui n’a pas été impactée par le contexte économique, contrairement à ce que l’on a pu constater sur d’autres courses (voir notre article). La ville du Havre et le Comité martiniquais du tourisme versent 700 000 euros, la région Normandie 300 000, le département de la Seine-Maritime 80 000, l’agglomération Le Havre Seine Métropole 60 000.La part des inscriptions est en nette baisse – 14% contre 22% -, puisqu’ils seront 74 au départ le 26 octobre, contre 95 il y a deux ans, baisse qui concerne essentiellement les Imoca (18 contre 40). Les droits d’inscription se montent à 6 500 euros pour les Class40 (42 bateaux), 10 500 pour les Ocean Fifty (10), 17 000 pour les Imoca et 48 000 pour les Ultim (4). Cette baisse est compensée par une part à la hausse des partenariats privés (36% contre 28%) et une augmentation, plus légère, de celle des revenus en provenance du village, des licences et des hospitalités (18% contre 16%).
Pour ce qui est des partenaires privés, dont l’enveloppe globale se monte à un peu plus de 2 millions d’euros – JDE Peet’s France ne souhaite pas communiquer la sienne -, Antoine Robin se félicite qu’“aucun d’entre eux n’est parti par rapport à 2023, alors que nous avons réussi à en accueillir de nouveaux“. Dont 11th Hour Racing, partenaire développement durable – l’annonce a été faite mardi. La pyramide des partenariats, accessible à partir d’un ticket d’entrée autour de 50 000 euros, comprend notamment deux partenaires « premium » (mise de 300 000 euros minimum), CMA CGM et la BRED, le codirecteur de la transat précisant qu’il y a “de la place pour un troisième”.
La gestion du village internalisée
Si les hospitalités sont toujours sous-traitées à un prestataire extérieur – l’organisateur prend une commission sur les ventes -, l’agence havraise DBCOM, qui réunit 150 entreprises locales dans un Club Transat Café L’Or (ticket d’entrée à 2 000 euros), les organisateurs de la transat ont décidé cette année d’internaliser la gestion et la commercialisation du village (qui rapporte 750 000 euros), jusqu’ici également sous-traitée.“On a fait ce choix pour plusieurs raisons, commente Antoine Robin. D’abord, parce qu’on souhaitait que la sélection des exposants soit cohérente avec notre identité et notre positionnement, notamment environnemental et sociétal ; ensuite parce que ça nous a semblé plus facile de le gérer en direct vis-à-vis de nos partenaires, sachant que leur présence sur le village est un élément important du partenariat ; enfin parce que ça nous permettait d’appuyer notre volonté d’avoir un village plus responsable, avec notamment le développement de structures recyclables en bois.”
Du côté des dépenses, 31% vont au marketing et à la communication, 21% à la coordination et aux ressources humaines, 26% aux opérations (village, logistique), 5% aux actions RSE et 17% au sportif, dont une somme totale de 525 000 euros qui comprend les dotations aux classes et le prize money. Ce dernier se répartit comme suit : 100 000 euros attribués aux trois premiers Ultim, 135 000 aux cinq premiers Imoca, 40 000 aux trois premiers Ocean Fifty, 60 000 aux cinq premiers Class40.
La Martinique candidate pour continuer ?
Ce budget total de 5,9 millions ne comprend en revanche pas celui de la gestion de l’arrivée, confiée à une “association miroir”, l’Association Martinique Transat, qui comprend deux partenaires fondateurs, le Comité martiniquais du tourisme et GBH (groupe de distribution très présent dans les Antilles), et deux partenaires associés, la ville de Fort-de-France et Défi Nautic, la structure du navigateur Gilles Lamiré, qui a beaucoup œuvré pour promouvoir la candidature martiniquaise il y a cinq ans. Interrogé par Sailorz, Damien de Longueville, président de l’association (et directeur régional chez GBH), évoque un budget stable “entre 1,3 et 1,4 million d’euros“, auquel, outre les partenaires précités, contribuent des entreprises et autres collectivités, en premier lieu CMA CGM et la communauté d’agglomération du centre de la Martinique (Cacem).Territoire d’arrivée de la transat en double depuis 2021, la Martinique le sera-t-elle encore en 2027 ? L’Association Transat Café L’Or a lancé le 22 juillet un appel à candidatures pour le “partenaire destination des prochaines éditions”. Les dossiers doivent être envoyés avant le 31 octobre, l’organisation a prévu par la suite de se rendre sur place d’ici janvier, avant six mois de consultations, l’annonce officielle étant prévue en décembre 2026. “Aujourd’hui, on a quatre destinations potentielles, aux Caraïbes et en Amérique du Sud”, confie Antoine Robin à Sailorz.
Du côté de la Martinique, Damien de Longueville explique : “On sait que pour développer un événement sportif populaire, il faut du temps. 2021 a été pour nous une édition tronquée par le Covid [et les heurts sociaux qui avaient secoué l’île, NDLR], 2023 a été notre première vraie édition, nous comptons bien faire mieux cette année et on veut que l’événement continue à prendre de l’ampleur. Maintenant, j’ai besoin d’avoir des garanties financières autour de notre capacité à repartir sur plusieurs éditions, donc la décision de déposer une candidature n’est pas définitivement validée.”
Photo : Jean-Marie Liot / Alea