Imoca Macif

Comment Macif a décidé de repartir en Imoca

Les dirigeants de la Macif ont dévoilé lundi à Paris les contours de leur nouvelle campagne Imoca 2027-2030, avec un plan Verdier neuf qui sera skippé par Sam Goodchild et l’intégration dans l’équipe de Charlotte Yven. De son côté, Charlie Dalin, en attendant de savoir s’il pourra naviguer en 2026, endosse un rôle de consultant/conseiller. Sailorz vous en dit plus.

Sans Charlie Dalin, rentré chez lui après une semaine médiatique énergivore, mais avec son état-major au complet, la Macif a annoncé lundi en début d’après-midi le renouvellement de son engagement dans la course au large, qui prend la forme d’une nouvelle campagne Imoca 2027-2030. “Une décision prise à l’unanimité” du conseil d’administration de septembre, selon son directeur général Jean-Philippe Dogneton.

Pourquoi remettre le couvert quand on a déjà gagné deux fois le Vendée Globe (François Gabart et Charlie Dalin) ? “Ce nouveau programme s’inscrit dans la longue et belle histoire de la Macif, notre positionnement mer est vraiment un marqueur fort depuis 50 ans, répond ce dernier. Il y a effectivement eu deux victoires, presque trois [Charlie Dalin avait franchi le premier la ligne d’arrivée de l’édition 2020, NDLR], mais les gens seraient étonnés que l’on se retire sur un succès, nous avons la capacité de gagner d’autres fois, avec d’autres skippers et d’autres bateaux.”

Le cycle actuel, avec Charlie Dalin et l’Imoca Macif Santé Prévoyance, se terminant fin 2026, le suivant empruntera sensiblement les mêmes timing et programme de courses. A savoir une mise à l’eau du futur Imoca, tout simplement baptisé Macif, en juin/juillet 2027, le Fastnet comme première course et le Vendée Globe 2028 en priorité. Seul changement, et il est de taille, c’est Sam Goodchild qui en sera le skipper, Charlie Dalin ayant indiqué la semaine dernière qu’il ne serait pas en mesure de disputer la prochaine édition de la course autour du monde.

“Une double complexité”

Ce changement a forcément été dicté par la révélation par ce dernier du cancer dont il souffre depuis deux ans, qui a conduit la Macif à revoir ses plans au fur et à mesure de la saison. D’abord en faisant appel à Sam Goodchild pour suppléer le Havrais cette année. Ensuite, au vu de la situation médicale de ce dernier, de proposer au Britannique, skipper remplaçant en 2026 si Charlie Dalin est en mesure de courir, de prendre la barre du nouveau bateau à partir de 2027.Le projet prend une dimension plus collective, à la fois pour prendre en compte la situation particulière de Charlie, mais aussi pour ajouter de nouvelles compétences”, commente Jean-Marc Simon, directeur Santé Prévoyance de la Macif. Le choix de Sam Goodchild, validé lors du même conseil d’administration de septembre ? Il nous a été suggéré par Charlie en mai“, poursuit-il. Ce que confirme le vainqueur du Vendée Globe, joint mercredi par Sailorz : “Sam a l’expérience, la forme physique et il a déjà fait un Vendée Globe. Aujourd’hui, le niveau est tel que sauf exception, c’est très compliqué de gagner dès la première fois, il faut l’expérience du rythme. Il a aussi fait du Figaro, qui est pour moi un passage obligatoire si tu veux performer, donc il cochait pas mal de cases.”

A quel moment ce dernier a-t-il appris que son intérim allait se transformer en poste à plein temps pour au moins cinq ans de plus ? “La discussion a commencé cet été pendant The Ocean Race Europe”, nous répond Sam Goodchild, qui, parallèlement, était très proche de concrétiser un projet Imoca avec Leyton. D’où, “une double complexité”, pour lui : “D’abord vis-à-vis de Charlie, c’est son projet depuis six ans, ce n’est évidemment pas ce qu’il aurait souhaité, j’ai beaucoup de respect pour lui et j’essaie de faire en sorte que ça se passe du mieux possible. Ensuite avec Leyton, on avait effectivement envie d’aller sur le prochain Vendée Globe. Quand j’ai reçu le coup de fil de la Macif, j’ai répondu oui, mais à condition que Leyton soit d’accord. J’ai alors appelé François Gouilliard [le PDG] qui m’a dit que c’était difficile de refuser une telle offre et qu’il allait trouver une solution.”

Joint par SailorzJulien Olivier, en charge des partenariats et de la communication de Leyton, confirme : C’est le sport, il y a un mercato avec des sportifs qui sont chassés ! Sam nous a effectivement très poliment demandé notre avis, le président-directeur général a donné son go, en étant heureux qu’il continue avec une si belle écurie, ça met en valeur tout le travail qu’on a fait avec lui ces dernières années.” Sans le Britannique, Leyton, par ailleurs engagé auprès de K-Challenge sur SailGP, n’envisage plus de poursuivre son projet Vendée Globe, “mais, vu les liens qu’on a tissés avec Sam depuis 2019, on réfléchit à comment on peut continuer autrement l’aventure avec lui.”

Un double rôle pour Charlie Dalin

Le 9e du dernier Vendée Globe, qui s’apprête à disputer la Transat Café L’Or avec Loïs Berrehar sur Macif Santé Prévoyance, saura dans les prochains mois quel sera son rôle en 2026 – skipper remplaçant ou titulaire -, selon l’état de santé de Charlie Dalin. Je déciderai cet hiver, c’est sûr qu’aujourd’hui, je ne serais pas en mesure de faire la Route du Rhum”, confie ce dernier. S’il ne sera ensuite plus à la barre du futur Imoca, le Normand, diplômé d’architecture navale, va rester un élément clé du projet, dès aujourd’hui en qualité de conseiller dans ce domaine, plus tard dans un rôle de consultant performance.“J’ai envie d’être fortement impliqué dans la conception et le développement de Macif, d’être partie prenante des centaines de décisions qui font au final qu’un bateau est réussi ou pas, mon expérience victorieuse me fait dire que je peux apporter sur ce savant équilibre à trouver”, commente Charlie Dalin. Qui planche depuis septembre sur le sujet, après avoir validé avec son équipe et son partenaire “l’idée de repartir avec la formule gagnante, à savoir une triple collaboration avec Guillaume Verdier, MerConcept et CDK (le bateau sera construit à Port-la-Forêt).

Sam Goodchild est-il associé à ces réflexions ? “Comme ce sera lui l’opérateur du bateau sur le Vendée, il a bien sûr son mot à dire, et encore plus sur le côté cockpit et ergonomie”, répond Charlie Dalin, tandis que le Britannique sourit : “Toute ma vie, je me suis adapté au bateau qu’on m’a donné, là, il faut que je dise quel bateau je veux, ça change pas mal la donne ! Mais j’apprends énormément, c’est énorme de découvrir tout ça aux côtés de Charlie, MerConcept et Guillaume Verdier.” La collaboration avec Charlie Dalin se poursuivra une fois le bateau à l’eau, comme le confirme ce dernier : L’objectif est d’accompagner Sam jusqu’au Vendée Globe, sachant qu’une deuxième paire de foils arrivera très vite, il faudra faire des choix trois-quatre mois après la mise à l’eau.”

Charlotte Yven cap sur 2032 ?

Ces phases de conception, construction et développement, Charlotte Yven les suivra de l’intérieur, puisque la deuxième de la dernière Solitaire du Figaro Paprec, est également intégrée à l’équipe Imoca. “Tout s’est mis en place pendant et après la Solitaire, raconte-t-elle, c’est chouette d’avoir des perspectives en quittant le programme Skipper Macif, ça n’a pas été le cas de tous ceux qui m’ont précédée.”Celle qui vient d’être sacrée championne de France Elite de course au large se dit “très fière” de se voir proposer l’opportunité de “voir comment un projet Imoca fonctionne”, avant d’ajouter : “L’objectif est de prendre de l’expérience et de naviguer le plus possible [elle participera au convoyage retour post-Transat Café L’Or, NDLR]. Comme 2026 est une année avec beaucoup de solitaire, ça va peut-être me laisser de la place pour aller sur d’autres supports ou projets, un peu comme l’a fait Loïs (Berrehar) cette saison [skipper du futur Imoca Banque Populaire, il a navigué sur Malizia et Macif, NDLR].

Avec le Vendée Globe 2032 dans le viseur ? “Dans ma réflexion, ça faisait effectivement partie des hypothèses, sourit-elle. Voir les copains, Loïs, Elodie (Bonafous), partir, ça donne envie, l’idée maintenant va être de rendre tout ça plus concret, de construire un projet pour faire le Vendée Globe en 2032.”

Photo : Guillaume Gatefait / disobey. / Macif

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