Le 8 novembre dernier, Mathis Bourgnon (28 ans) a remporté La Boulangère Mini Transat en proto. Une performance que peu de personnes attendaient et qui n’aurait pas été possible sans une forte implication du skipper et de son entourage, notamment de l’entreprise dans laquelle il travaille, Forward WIP. L’histoire a débuté par un stage en 2020-2021 au siège de la société franco-suisse, basée à Rolle et spécialisée dans le domaine de la protection sur l’eau, elle s’est prolongée lorsque le Suisse a ensuite été embauché en tant que sport marketing manager.
“Il a découvert la voile sur le tard, à 18 ans, et après quelques records avec son père Yvan, il était partagé entre la volonté de se ranger, d’avoir une vie “normale” au sein de l’entreprise, et le souhait de réaliser son rêve de participer à la Mini Transat, sachant qu’il avait de sacrés antécédents familiaux [Yvan Bourgnon a remporté la course en proto en 1995, NDLR]. Je lui ai dit qu’il pouvait concilier les deux et qu’on allait l’aider,” raconte Rémi Finiel, fondateur de Forward WIP.
Et ce dernier de poursuivre : “Nous lui avons alors acheté le bateau [le proto n°934, un Vector – plan Etienne Bertrand – de 2017, NDLR] pour lui mettre le pied à l’étrier, car on sentait qu’il avait du potentiel et qu’il regretterait plus tard de ne pas avoir mené ce rêve au bout. C’était ensuite à lui de trouver le budget pour financer les deux saisons et sa participation à la Mini Transat.” Un soutien salué par Florence Migraine, mère du skipper et ancienne sportive de haut niveau : “Mathis a la chance d’avoir un patron qui comprend que ses employés ont besoin de s’épanouir pour travailler mieux. Ce n’est pas donné à tout le monde.”
L’engagement de Forward WIP n’a pas seulement été financier : “Nous avons aménagé le temps de travail de Mathis pour qu’il puisse mener à bien son projet. Il a d’abord travaillé à 80 %, puis à 60 % et enfin à 20%, ce qui a nécessité une sacrée adaptation au niveau de la société”, précise Rémi Finiel, qui s’étonne des difficultés rencontrées par le skipper pour trouver des partenaires. “Honnêtement, on pensait que ce serait plus facile, surtout en ayant déjà un bon bateau à disposition. Mathis s’est démené, il a rencontré énormément d’entreprises, il était tiraillé entre son job et la recherche de sponsors. Comme ça ne marchait pas, je l’ai libéré en février 2025 pour qu’il se consacre à 100 % à son projet, mais cela n’a pas suffi, puisqu’il a fini par emprunter de l’argent pour boucler son budget.”
“Mathis a été pénalisé par des a priori, analyse de son côté sa mère. Comme il s’appelle Bourgnon, les gens pensaient que c’était facile pour lui de trouver des sponsors, qu’il en avait déjà sûrement. Mais ce n’était pas le cas.” Le ministe a tout de même réussi à prendre le départ le 21 septembre dernier, “une première victoire”, souligne cette dernière. On connaît la suite, avec cette première place décrochée sur le fil en Guadeloupe devant Benoît Marie, équipé comme lui d’un ensemble salopette-veste de quart Forward WIP sur cette transat (écouter leur récit dans Pos. Report #234).
“On voulait qu’il vive son rêve, qu’il ne regrette rien, la première place, c’est vraiment la cerise sur le gâteau. Il a été impressionnant au niveau de ses moyennes, la gestion de l’état de son bateau et de ses choix tactiques”, salue Rémi Finiel. Le jeune marin, qui ramène actuellement son Mini 6.50 par la mer, réintégrera l’entreprise en janvier. “Ce n’est pas parce que tu gagnes la Mini Transat que tu as dix contrats en Imoca qui t’attendent, observe le patron de Forward WIP. Donc il va revenir avec nous et il est content de le faire. Évidemment, si sa carrière sportive continue et qu’il veut relever d’autres défis, on l’accompagnera à nouveau.”
Photo : Manon Le Guen
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