Imoca 4CAD

Stéphane Letheule (4CAD) : “L’objectif est de gagner le Vendée Globe”

Le jeudi 23 octobre, à trois jours du départ de la Transat Café L’Or, Benjamin Dutreux a dévoilé les grandes lignes de son nouveau projet Imoca, avec un bateau neuf, plan Koch construit chez Multiplast dans les moules du futur Paprec, et un partenaire-titre, le groupe 4CAD. Fondé en 2004 et spécialisé dans les solutions de digitalisation à destination des industriels, il emploie 650 personnes entre la France, la Suisse et le Canada, et compte 3 000 clients pour un chiffre d’affaires de 115 millions d’euros. Son président Stéphane Letheule explique à Sailorz les raisons de cet engagement.

4CAD a rejoint le projet de Benjamin Dutreux un peu avant le Vendée Globe 2024, est-ce une première pour le groupe en matière de sponsoring ?
Oui, tout à fait, comme toutes les entreprises qui se développent, on a toujours été sollicités par des clubs de foot, de hand, de basket ou autres, mais on n’était pas convaincus de la pertinence d’un sponsoring, parce qu’on n’avait jamais trouvé le lien qui correspondait à nos activités. Sur la voile, c’est différent, on parle d’un skipper, mais aussi d’un bateau, ce qui a clairement du sens par rapport aux métiers de nos clients, qui conçoivent, fabriquent et vendent des produits. C’est donc plus facile de faire des parallèles et de créer du lien avec eux, comprendre comment un bateau est conçu, quelles sont les technologies utilisées, les data qui remontent, ça leur parle. On a donc trouvé dans ce projet une vraie raison d’y aller, on est en plus proche de la façade Atlantique, à Nantes, mais ce qui a vraiment fait la différence, comme souvent, c’est la rencontre avec Benjamin.

A quand remonte-t-elle ?
A fin septembre 2024, aux Sables d’Olonne, lors d’une réunion d’entrepreneurs de la région, au cours de laquelle Benjamin intervenait pour parler du lien entre l’entreprise et un projet comme le sien. J’ai alors découvert un gars qui dégageait quelque chose, à la fois chef d’entreprise avec son frère (Marcel-Junior) et sportif de haut niveau, qui allait faire le tour du monde moins de deux mois plus tard, alors qu’il n’avait même pas bouclé son budget, donc sans savoir si, à son retour, il allait réussir à verser l’ensemble des salaires. Comme j’étais resté dormir sur place, j’ai revu Benjamin le lendemain matin à l’hôtel, il nous a proposé à trois ou quatre d’aller voir son bateau, je lui ai posé deux-trois questions, mais plus par curiosité qu’autre chose, et je suis reparti. Tout ça a maturé pendant le week-end, et le lundi, j’ai expliqué le contexte à mes associés, on s’est dit qu’il fallait demander le dossier, qu’on a reçu le mardi, Benjamin et son frère sont venus à Nantes le lendemain et on a conclu le sponsoring ! Moins de cinq jours avant, je ne connaissais pas Benjamin Dutreux, je ne savais même pas qu’il allait intervenir au cours de cette réunion…

Pour quel budget aviez-vous alors signé ?
Je ne peux pas le dire, mais ce n’était pas énorme et ça nous donnait une très bonne visibilité, parce qu’on arrivait les derniers et qu’on venait finaliser son budget, on a sans doute eu le droit à un peu plus d’espace que si on avait signé plus tôt dans sa campagne.

“Les planètes se sont alignées”

Qu’avez-vous retiré de cette première expérience sur le Vendée Globe 2024 ?
On voulait profiter de ce sponsoring pour emmener nos clients, nos partenaires et des prospects aux Sables d’Olonne pour les raisons que je vous détaillais tout à l’heure, ça a vraiment bien fonctionné, tous se sont sentis privilégiés d’être là, d’échanger avec Benjamin et son équipe. Et en interne, la course a été bien suivie par nos 650 salariés, on avait mis en place Virtual Regatta pour eux, ça a créé une bonne dynamique et permis d’embarquer tout le monde.Quelle a été la suite, une fois ce Vendée Globe bouclé (10e place) ?
Très rapidement, Benjamin a eu pour objectif de vendre le bateau et de faire la saison 2025 en duo avec Arnaud Boissières. La question de prolonger cette expérience, qui avait été très courte pour nous, s’est donc posée, on a vite dit banco pour partager l’affiche sur la saison avec La Mie Câline (qui a racheté le plan VPLP). Dans le même temps, on a commencé à réfléchir à la suite, d’abord parce qu’on savait qu’à la fin de l’année, on n’aurait plus de bateau, ensuite parce que Benjamin, dès qu’il avait mis le pied à terre aux Sables d’Olonne, avait dit qu’il n’y retournerait que s’il avait les armes pour jouer le podium et la victoire. On s’est très vite dit que cela passait soit par la construction d’un Imoca neuf soit par l’achat d’un bateau de dernière génération. Chez 4CAD, la première option nous a beaucoup plu, d’abord pour des raisons de performance, ensuite parce qu’il y a toute une histoire à raconter autour de la conception et de la construction, de l’exploitation des data… Ça permettait d’embarquer encore plus largement nos salariés, parce que c’est leur métier de tous les jours, mais aussi nos clients.Il a fallu alors trouver un architecte et un chantier, comment cela s’est-il passé ?
Benjamin et son équipe ont effectivement eu beaucoup de consultations pour les architectes et les chantiers, et finalement, les planètes se sont alignées lorsqu’un slot s’est libéré l’été dernier chez Multiplast pour construire dans les moules de Paprec [réservé initialement par Sam Goodchild et Leyton, le Britannique a finalement rejoint le projet Macif, voir notre article]. Ça correspondait bien à notre projet, d’abord parce que ça répondait à des enjeux financiers et écologiques, en plus parce que c’était l’opportunité de s’associer avec le Team Paprec, un architecte et un chantier reconnus. Donc lorsque cette voie s’est ouverte, on s’y est tous engouffrés pour valider définitivement le projet mi-septembre.

“On cherche un ou des co-partenaires”

Pour vous, c’est un effort financier important, puisque Benjamin parlait lors de la présentation d’un total de 13 millions jusqu’en 2030, dont 6 encore à trouver, comment s’est prise la décision chez vous et combien investissez-vous ?
En réalité, on est plus autour de 19 millions, puisque Benjamin compte avec la revente du bateau après la Route du Rhum 2030. C’est une décision qui a été validée entre actionnaires, on s’est dit qu’on était capables de suivre jusqu’à un certain montant pour avoir le naming du bateau et être un partenaire qui se veut participatif, au niveau de la conception et de la construction, mais aussi parce qu’on pense pouvoir apporter de la technologie et nos expertises de conseil dans certains domaines. Pour ce qui est du montant, je ne le dévoilerai pas, disons que ça dépasse le million d’euros par an, ce qui veut tout et rien dire ! En plus, le budget n’est pas finalisé, et on recherche soit un deuxième partenaire important pour partager le naming, soit deux-trois sponsors assez costauds mais avec moins de partage d’affiche.L’objectif, c’est de gagner le Vendée Globe ?
Oui, tout à fait. L’idée de faire construire un bateau, qui représente un budget extrêmement important, c’est pour faire une place et on veut viser la première. Après, ça reste du sport, de la technologie, avec des éléments extérieurs à prendre en compte, mais on ne fait pas ça pour faire un petit tour dans l’eau. Benjamin, d’ailleurs, n’est pas du tout comme ça, il veut vraiment jouer la gagne.

Photo : Jean-Marie Liot

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