Partenaire engagé dans la voile depuis 27 ans, Sodebo va vivre une petite révolution en 2026, puisque la marque vendéenne, après l’Imoca (1998-2001), l’Orma (2002-2007), le Vendée Globe (partenaire majeur depuis 2004) et les grands trimarans (depuis 2008), va se lancer en Ocean Fifty. Entériné l’été dernier, ce tournant stratégique résulte d’un processus initié notamment par celui qui sera le skipper du bateau, Léonard Legrand (31 ans).
Arrivé au sein du Team Sodebo en 2015 dans le cadre d’une alternance en électronique, ce dernier raconte : “Au retour du convoyage entre La Réunion et Lorient auquel j’avais participé après la tentative de Jules Verne fin 2020, je m’étais dit que je voulais absolument être sur la prochaine. Pour être légitime en tant que navigant auprès de Thomas (Coville), j’ai réussi à faire deux saisons de Grand Prix en Ocean Fifty, avec Pierre Quiroga puis Baptiste Hulin. Je me suis alors rendu compte que c’était un super outil, à la fois sportivement et pour faire des RP.”
Celui qui est alors responsable du pôle électronique et informatique du Team Sodebo convainc Thomas Coville de l’embarquer l’hiver dernier sur Sodebo Ultim 3 pour la nouvelle tentative de Jules Verne (abandon), au retour duquel il décide de franchir le pas : “Je suis allé voir Thomas et Greg (Evrard, team manager) pour leur parler de mon envie de faire de l’Ocean Fifty, le timing était plutôt bon car ça arrivait à un moment où, tant Greg que Stephan (Ralaimongo, directeur de la communication) avaient envie de proposer des choses.”
Toutes les options envisagées
Le quatuor ratisse alors large : “On a tout envisagé, y compris de tout arrêter, confirme ce dernier. On a réfléchi à des projets de monocoques, du Figaro – j’ai toujours trouvé exceptionnelle par exemple la filière Skipper Macif – au Vendée Globe, qu’on n’a finalement pas retenu, notamment parce que le mélange des genres entre être partenaire de la course et d’un bateau ne nous allait pas très bien.” L’option Ocean Fifty, poussée par ailleurs par Léonard Legrand, est finalement retenue. D’abord pour une raison stratégique : “L’Ocean Fifty permet d’aller dans des endroits où ne vont pas les Ultim, qui font des transats et des tours du monde, mais qu’on voit finalement assez rarement ; or, on avait envie d’aller davantage au plus près des Français. C’est en outre un support et un circuit qui permettent de faire naviguer beaucoup de monde”, explique le directeur de la communication.
Autre argument, la volonté de Thomas Coville de mettre le pied à l’étrier à Léonard Legrand : “On a toujours eu chez Sodebo cette fibre de vouloir donner sa chance à des plus jeunes, on l’a fait par le passé avec Quentin Delapierre, Corentin Horeau, Quentin Ponroy, Frédéric Denis, confirme le skipper. C’est d’ailleurs difficile pour moi de dissocier cette histoire avec celle que j’ai vécue avec Laurent Bourgnon, les ingrédients sont les mêmes : moi aussi, je suis venu au départ pour câbler son bateau.”
Une manière de préparer l’avenir
“Pour Sodebo, c’est important d’avoir des contacts de qualité et une proximité avec le plus grand nombre, le fait d’être présent sur plus de courses et un peu partout avec cet Ocean Fifty va dans ce sens”, confirme Patricia Brochard, qui a cependant mis une condition à cet engagement : “Qu’il rentre dans le même budget“ (hors amortissement du bateau). Un budget voile qui, comme elle nous le confiait en janvier 2024, s’élève à environ 4 millions d’euros par an – enveloppe qui comprend le partenariat avec le Vendée Globe, de 4,3 millions sur quatre ans.
Pas question dans ces conditions de construire un nouveau bateau – ce que le numerus clausus de la classe ne permettait de toute façon pas -, le Team Sodebo ayant fait l’acquisition, qui sera officielle mi-octobre, de Wind of Trust, l’Ocean Fifty de Christopher Pratt, actuellement basé à Marseille. Ce plan VPLP de 2009, vainqueur de la Route du Rhum en 2014 avec Erwan Le Roux, mettra alors le cap vers Lorient où l’attend un chantier de quatre mois de remise à niveau – un mât neuf va être construit -, avant un retour en Méditerranée au printemps 2026 pour trois rendez-vous des Ocean Fifty Series. “Le convoyage et ces Grands Prix seront une bonne manière de prendre en main le bateau, avant de me lancer en solitaire sur la Drheam-Cup, qualificative pour la Route du Rhum”, explique Léonard Legrand.
Une Route du Rhum sur laquelle Sodebo sera donc doublement présent avec l’Ocean Fifty et l’Ultim de Thomas Coville qui, avec les montées en puissance dans l’équipe de Benjamin Schwartz, son co-skipper sur la Transat Café L’Or, et de Léonard Legrand, “prépare l’avenir”, comme il le confie. “Il a laissé flotter l’idée que le Rhum sera peut-être sa dernière course en solitaire et que Benjamin pourrait prendre le relais pour l’Arkea Ultim Challenge, mais c’est lui qui décidera du bon moment”, sourit Stephan Ralaimongo.
Photo : Martin Kéruzoré / Team Sodebo